Marie Sanchis : rattrapée par son talent culinaire

Marie Trinidad Sanchis est arrivée dans la restauration par passion. Un peu à reculons, par peur que ce soit trop dur, trop prenant, trop fatigant. Un peu sur le tard, à 47 ans. Aujourd’hui à 53 ans, elle dirige 3 établissements. Parcours - Tiphaine Beausseron

©TiphaineBeausseron


Née en Espagne puis rapidement installée à Paris lorsque ses parents s’y expatrient pendant le régime de Franco, Marie, devenue parisienne, avait entamé des études d’Art et Communication à la Sorbonne. Et rien ne se passa comme prévu. Elle tombe amoureuse de son prof et c’est réciproque.  Ensemble, ils gagnent un concours de création d’identité visuelle organisé par la Fnac…. et empochent 10 000 Francs et un ordinateur. Un beau pactole pour l’époque et de quoi se lancer en micro-entreprise dans le design graphique. Poussée par un grand frère, déjà chef d’entreprise dans le secteur porteur de l’informatique, Marie lâche ses études et se lance à corps perdu dans cette première aventure entrepreneuriale. Et ça marche. Du graphisme de lettres, aux couvertures de livres en passant par la conception de packaging et l’édition de CD-Rom, et enfin la conception et production de jeux-videos… la micro-entreprise devient une véritable PME employant jusqu’à 75 collaborateurs*.

©TiphaineBeausseron

D’abord à Paris, puis à Aix et Marseille suite à une délocalisation au début des années 2000. Mais après 6 ans d’implication intense sur le terrain, Marie lâche du leste à la naissance de son premier enfant en 1996. C’est à ce moment-là, que la jeune maman, déjà bonne cuisinière, se met à concevoir des recettes et surtout à les partager sur son blog intitulé ‘Les petits plats de Trinidad’. “C’était les débuts des blogs culinaires et le mien a connu son petit succès. J’ai aussi fait de belles rencontres de femmes passionnées de cuisine comme Georgiana Viou et Karine Aprile-Morisse qui m’ont d’ailleurs fait confiance pour réaliser les photos de leur premier livre de cuisine**”

©TiphaineBeausseron

Une fois ses enfants devenus plus grands, et poussée par son second mari entrepreneur, Marie se décide à ouvrir son premier établissement. “Même si je m’étais déjà essayé au métier de chef de cuisine au cours de diverses expériences, je n’étais pas diplômée en cuisine et je ne me sentais pas légitime " confie la cheffe. “Ouvrir une franchise de cave à vin m’a semblé plus sécurisant, plus cadré. J’ai opté pour Bibovino, une marque exclusivement dédiée à la vente de vins haut de gamme conditionnés en Bag-in-Box® et j’ai ouvert au 10 rue d’Italie en 2016 une cave à vin et à manger avec carte de restauration très simple. Mais le concept n’a pas pris. C’était trop hybride et les clients semblaient venir plus pour se restaurer que pour acheter du vin” explique Marie qui décide alors de quitter la franchise et de transformer son commerce en véritable restaurant.

« La contrainte ne me fait pas peur, au contrainte, cela me pousse à la créativité »
— Marie Sanchis, Cheffe propriétaire



©LespetitsplatsdeTrinidad

C’est ainsi que nait ‘Les petits plats de Trinidad’, un restaurant sans extraction qui impose à Marie de préparer sans saisie, donc plutôt des plats chauds mijotés ou froids. “La contrainte ne me fait pas peur, au contrainte, cela me pousse à la créativité’ avoue Marie. C’est sans doute aussi pour cela qu’elle sait concevoir des plats végétariens ou vegan, sans gluten ou sans lactose, sans graine… et qu’elle aime à dire qu’elle sait s’adapter toute les demandes spécifiques. En plus d’une cuisine flexible, parfaitement adaptée au flexitariens, Marie propose une cuisine légère qui mixe salades complètes et plats préparés le jour-même avec des ingrédients de saison. Et parce que le péché mignon de Marie, ce sont les desserts, il y a aussi une belle carte de gourmandises sucrées souvent sans gluten et sans lactose. “Je trouve trop dommage de se priver d’un dessert quand on va on restaurant et je ne veux pas que mes clients se sentent coupables de déguster un dessert”.

©TiphaineBeausseron

Face au succès du restaurant, et parce qu’il n’est ouvert qu’en journée, Marie ouvre en 2019, le Comptoir de Trinidad, une annexe située juste en face qui lui permet de satisfaire une demande du soir en version “à emporter” ou “traiteur”.

Ouverte quelques semaines avant le tout premier confinement drastique, le comptoir s’est avéré salvateur quand la restauration livrée a été autorisée à rouvrir. 

Autre preuve que la contrainte n’effraie pas Marie, celle inédite et sans précédent de la crise sanitaire va lui inspirer l’ouverture de Treeni, son dernier bébé né en septembre 2021 au 7 rue Gaston Saporta.  Une cuisine plus végétale, plus street food, sans service à table, délivrée dans des emballages écologiques, à déguster sur place ou à emporter. “Les légumes, les légumineuses et les fruits sont à l’honneur et devrait séduire une clientèle plus jeune, adepte du vite, bon et bien manger avec un budget limité” précise la cheffe et désormais dirigeante de 3 adresses gourmandes.


En dates :

2011 : Photograhe du premier livre de cuisine de Georgiana Viou “Ma cuisine de Marseille” - HC Editions

2012 : Photographe du livre ‘Recettes et cueillettes autour de Marseille” de Karine Aprile Morisse - Label Livre Editions

2016 : Ouverture de Bibovino qui devient ‘Les Petits Plats de Trinidad’ en 2017

2020 : Ouverture du Comptoir de Trinidad

2021 : Ouverture de Treeni


*L’entreprise déposera le bilan en 2006 suite à la perte d’un gros contrat. 

**Ma cuisine de Marseille de Georgiana Viou chez HC éditions en 2011 - ‘Recettes et cueillettes autour de Marseille en 2013’ de Karine April-Morisse publié en auto-édition en 2013. 


Précédent
Précédent

Le Télégraphe à Toulon : cuisines et résonances

Suivant
Suivant

Cédric Sarpi et Blue-Lobster : inspiration « évasion »