Divertimento : optimisme et musicalité
Dans ce film tiré d’une histoire vraie, la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar, traite avec justesse de la difficulté de se faire une place de maître dans le milieu de la musique symphonique lorsqu’on est une jeune femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis - Tiphaine Beausseron
L’histoire se concentre sur l’année 1995, lorsque Zahia Ziouani (incarnée par Oulaya Amamra*) et sa sœur jumelle Fettouma (interprétée par Lina El Arabi**)habitent en Seine-Saint-Denis et démarrent leur année de terminale au lycée Racine dans une section musicale élitiste dans laquelle elles viennent d’être acceptées. On suit les deux jeunes musiciennes, toutes deux travailleuses et ambitieuses, consolider doucement leur rêve : devenir cheffe d’orchestre pour Zahia, exercer comme violoncelliste professionnelle pour Fettouma.
Malgré les obstacles qu’elles vont rencontrer et leurs déceptions face à l’austérité et à la misogynie du milieu, les deux jeunes femmes vont s’accrocher à leur rêve et remueront ciel et terre pour y parvenir.
Au-delà de l’histoire du parcours véridique qui aboutit à la réussite et qui en fait un récit inspirant, le film aborde les thèmes de la parité, de la diversité, de l’égalité d’accès à la culture et en particulier à la musique classique. Si des progrès ont été réalisés en près de 30 ans, il y a encore du chemin à faire car, comme le souligne Marie-Castille Mention-Schaar «au niveau national, seuls 4% des chefs d’orchestre sont des femmes».
Le ton du film n’est ni militant ni politique. Il mise plutôt sur l’inspiration que peut dégager ce parcours, cette pugnacité sans relâche et cette volonté de transmettre qui dépasse l’ambition personnelle. Il souligne aussi discrètement le rôle non négligeable d’un environnement familial soudé et avide de culture musicale. Car si Zahia et Fettouma ont ce désir de faire de la musique leur vie et de partager leur passion, c’est aussi parce que leurs parents leur ont transmis cette passion ainsi que des valeurs fortes fondées sur le respect, le travail, la constance et l’engagement. Le soutien mutuel qu’entretiennent les deux sœurs et la rencontre avec le chef d’orchestre Sergiu Celibidache (incarné par Niels Arestrup) sont également traités avec réalisme.
Résultat, ‘Divertimento’ est un film optimiste et musical, qui a aussi le mérite de révéler, à ceux qui le ne connaissent pas encore, l’existence de l’Orchestre Symphonique Divertimento (OSD) qui réunit aujourd’hui, sous la direction de Zahia Ziouani, 70 instrumentistes passionnés issus d’ensembles musicaux nationaux et de conservatoires.
*révélée notamment dans Divines de Houda Benyamina en 2016 et pour laquelle elle avait obtenu le César du meilleur espoir féminin
**nommée pour les Révélations 2023 pour son rôle dans Les Meilleures de Marion Desseigne Ravel