Antoinette Rozan : Sculptrice ‘Art-chi-tekton’
Antoinette a découvert la sculpture sur le tard, presque par hasard et ce fut une révélation. De cette rencontre émotionnelle vont naître des sculptures en terre, en plâtre, en bronze, et l’envie profonde de partager un message : l’importance de revenir à soi pour mieux aimer les autres. (Par Tiphaine Beausseron)
Sa vocation d’artiste est née de sa rencontre presque accidentelle avec la terre. ‘C’était en 1998, chez des amis lors d’un anniversaire. Chacun devait apporter la représentation d’une passion ou un programme de sport. Je n’ai rien apporté, car je n’en avais pas à l’époque. Mais, une personne est arrivée avec un bloc de terre glaise. J’ai essayé. Le contact avec la terre était fluide, simple, évident. Ce fut une rélévation’ confie Antoinette qui, à 28 ans à l’époque, avait oublié qu’enfant, pendant ses vacances, elle aimait déjà façonner et donner corps à la matière.
Son enfance, Antoinette, n’aime pas trop l’évoquer. Engoncée dans un corset pendant des années, blessée par la disparition prématurée de sa mère, handicapée par un oeil déficient, pressée par l’envie de gagner sa vie, elle s’oriente vers des études de communication puis des emplois dans la communication et la création d’objets promotionnels dans le secteur de la cosmétologie de luxe ; en France, puis à Hong-kong où elle suit son mari, Ludovic, expatrié pour la CMA. «À l’époque, en 1993, la communauté française expatriée ne comptait même pas 2000 ressortissants alors qu’aujourd’hui elle doit atteindre 25 000 personnes », souligne Antoinette qui, à l’aise en anglais et avec les codes du luxe, trouve rapidement un travail chez Cartier qui lui confie l’organisation de quelques évènements, relations presse et VIP.
De cette première expatriation qui dure 3 ans, Antoinette et Ludovic retiennent une attirance encore plus prononcée pour l’Asie. Ils y retournent donc dès que l’occasion se présente à nouveau en 2006. Au total ils y vivront 15 ans.
Entre-temps, la sculpture est devenue une nécessité pour Antoinette qui se forme seule en fréquentant un atelier d’Aix-en-Provence, puis renforce sa technique aux côtés des artistes Philippe Chazot et Berit Hilde.
Du travail de la terre à celui du plâtre, il n’y a qu’un pas. «La terre se travaille en bloc, ça reste très figé. Je travaille la terre comme on converse avec l’esprit. Sculpter la terre est un moyen de donner du corps aux émotions. Avec le plâtre, en revanche, je peux saisir le mouvement » explique Antoinette qui est venue au travail du plâtre par l’envie de créer des grands personnages élancés. «Outre le fait que je suis sensible à la douceur du plâtre, ce matériau a aussi été pour moi un moyen de me libérer des contraintes académiques ». Les premières oeuvres en plâtre d’Antoinette représentent un personnage baptisé ‘Free’. Sculpté en plâtre et imprégné de bandage, matériaux symboles de réparation par l’immobilisme, il exprime pourtant clairement la liberté de mouvement, si ce n’est la liberté d’être soi-même. Et c’est là le coeur de la démarche d’Antoinette et de son message profond. Prendre la liberté de s’aimer soi-même, se libérer des blessures ou contraintes intimes et sociétales, déclencher un mouvement vers la vie, vers les autres, et finalement se trouver soi-même pour vivre en harmonie avec ses propres paradoxes et son ‘chi’, c’est-à-dire son énergie vitale.
D’ailleurs Antoinette se qualifie « d’Art-chi-tekton » (prononcez architecctonne), une formule qui résume en 3 syllabes, la combinaison de sa démarche : artistique, concentrée sur l’énergie vitale (Chi ou Qi) qui impulse la création, et bâtisseuse d’une oeuvre structurée et solide proche de l’architecture (Tekton).
Aujourd’hui revenue s’installer à Aix-en-Provence où elle a son atelier, Antoinette s’exprime sur différents supports, avec différents matériaux : encre de Chine sur papier, silicone, métal, résine. Elle explore la vie en 2D, en 3D, à travers des sculptures monumentales accueillantes et joyeuses. Elle développe en parallèle une activité de kinésiologie, une technique psycho-corporelle qui s'appuie sur la tonicité des muscles pour identifier stress, blocages et charges émotionnelles non évacuées.
En dates :
1970 : Naissance à Suresnes
1998 : Découvre la sculpture
2005 : première exposition et premier personnage (Free) à Aix-en-Provence
2006 : retour à Hong-kong, rencontre avec la Galerie Sin Sin Fine Art qui marque le début d’une longue collaboration
2009 : Sculpture monumentale Energy Dance (Hong Kong Beach)
2013 : Exposition collective « Plus Radieuse la Vie » (Cité Radieuse Marseille, France), Exposition « Portraits » (Paris, France) Galerie Le Pré au 6, Création d’un Arbre de Vie exposée à la Clinique Saint-Martin-Sud (Marseille)
2018 : Affordable Art Fair Création de deux sculptures monumentales FREE XXL en rouge et noir (Hong Kong)
2020 : Retour à Aix-en-Provence
2021 : Exposition des sculptures monumentales Free XXL au Château de la Gaude (Aix-en-Provence)
Pour en savoir plus : antoinetterozan.com